"La Pierra Menta été, quézako ?
Tout commence par une discussion avec Richard fin 2015 qui
me dit qu’il a trouvé une course de fous furieux, 70km, 7000 m de dénivelé
positif, à courir en binôme sur 3 jours.
Je vais voir leur site internet, la course a l’air magnifique, avec des
passages sur les crêtes à couper le souffle et une obligation d’avoir baudriers
et longes de via ferata pour se sécuriser.
Vu de la région parisienne, le ratio dénivelé / distance parait énorme… Du coup… Ok, ça a l’air bien débile de
s’inscrire à ça… Donc, c’est parti. Jour
de l’inscription, Richard est au taquet, il nous inscrit et heureusement car la
course est pleine en 12h.
Bon bah c’est fait…
Maintenant il va bien falloir y aller.
S’en suivent quelques mois à enchainer les séances de côtes et d’escaliers,
des trails de 30 à 40 km enchainés avec des sorties longues le lendemain. 3 semaines avant la course, week-end à
Grenoble, 100 km et 6000 de D+ en 3 jours.
Maintenant repos en attendant le jour J.
On est en 2016 donc 2 semaines avant le départ
l’organisation de la course nous annonce qu’il y a des conditions
« exceptionnelles »… La course a lieu les 1, 2 et 3 juillet et… Il y a de la neige ! Forcément ça rajoute un peu de piquant!Jour 1 :
Programme du jour, 27km, 2700 D+ / D- en deux bosses. Et un passage annoncé avec 500 de D+ en 1
km. Ce n’est pas le programme initial
car une partie de la course est inaccessible suite à la neige.
Départ à 7h30, levé à 6h, petit dej qui va bien et hop, on
se retrouve à environ 260 binômes sur la ligne départ. La première bosse passe assez bien, et c’est
beau :
En bas de la bosse la barrière horaire est à 4h25, on arrive
en 3h50, ça fait pas beaucoup de marge, mais ça passe. On prend notre temps avant de reprendre la
course.
On attaque « la montée du jour », 2 km pour 800 m
de dénivelé. Ca monte, ça n’arrête plus
de monter à presque 45%... Elle parait
interminable cette montée. Je fais une
pause photo. Tant qu’à être monté là-haut,
autant garder un petit souvenir car les paysages sont magnifiques :
Richard prend de l’avance, je le perds. Pas grave on se retrouvera au prochain point
de contrôle, de toute façon interdit de franchir un point de contrôle si on
n’est pas en binôme. Quelques minutes
plus tard je suis dans le dur. Les
quadri qui tétanisent, ça fait mal, mais il faut continuer, on n’est pas venu
là pour rien. Et puis on est deux, si
l’un arrête c’est l’équipe qui s’arrête.
Pas question, je vais finir par l’avoir cette foutue montée. Plus personne en vue devant, par moment je ne
trouve même pas le « chemin », forcément, ça monte droit dans la
montagne, ce n’est pas un chemin, juste la trace de la végétation marquées par
ceux qui sont devant. Il y a des petits
drapeaux rouges, pour marquer ce « sentier d’un jour », heureusement
ça permet de retrouver la trace. Je fini
par y arriver en haut de cette foutue montée.
Richard est arrivé depuis quelques minutes, il m’attend. On prend quelques minutes de repos et
hop. On attaque la descente : 1000
m de D- en 5 km. Début de la descente
enneigée, ça passe en mode glisse et sans gamelle. On sort de la neige, ca va bien mieux qu’en
montée, on double du monde, ça motive.
Et là, surprise, après 2km de descente ce sont mes adducteurs qui commencent
à tétaniser… je ralenti l’allure, Richard prend un peu d’avance, mais les
douleurs finissent par passer. On passe
la dernière barrière horaire avec seulement 1h d’avance, pas énorme. 5km avant
l’arrivée, le terrain est moins pentu, j’arrive à retrouver une foulée plus
naturelle, ça fait du bien, mes jambes vont bien. Surprise, maintenant c’est Richard qui est
dans le dur. On finira ensemble
tranquillou, sans forcer.
6h25, 182ème équipe sur 241 arrivées. Une petite trentaine d’équipe ont abandonnées.
Maintenant repos, et récup.
Vive le Compex et le ruisseau d’eau froide ! Demain on remet ça, 26 km et 2600 de D+/D-
mais il parait que c’est plus difficile physiquement et plus
technique ! Avec la fatigue
d’aujourd’hui, ça promet…
Jour 2 :
Départ 6h30, la pluie vient de cesser. On commence par une longue montée de 1600 de
D+ en 12 km qui doit nous emmener sur les crêtes au « Grand
Mont ». Avec Richard on part en
queue de peloton, ce qui s’avèrera être un mauvais calcul. La montée se passe bien, les jambes répondent
et certains paysages sont magnifiques, on est en phase avec le plan de marche
même si on n’est pas très rapide.
11 km, 1500 D+, on arrive au bas de la crête et là… C’est la
queue pour monter. On restera quasiment
sans bouger un bon 45 minutes. Arrivée à
la crête, la pluie, le vent et le brouillard se sont installés. Passage très aérien avec longe de
sécurité. Tiens, j’avais oublié que
j’avais le vertige… Ce n’est vraiment pas du trail cette course ! Dommage impossible de profiter des paysages,
on ne voit rien. Du coup on arrive à la
barrière horaire avec seulement 15 minutes d’avance. On a eu chaud !
Redescente dans les névés encore enneigés en mode luge sur
les fesses. Ceux qui sont passés avant
ont creusés de vrai toboggans avec bosses intégrées, on se marre, ça fait du
bien après la partie galère en altitude.
Le reste de la course est plutôt sans histoire. Richard et moi avons les jambes qui répondent
bien en descente où l’on passe du monde.
En montée c’est plus compliqué et on est plus lent que la moyenne. Quand même quelques descentes dantesques qui
piquent fort au niveau des cuisses. De
toute façon vu le ratio dénivelé / distance, tout pique que ça soit en montée
ou en descente. « Soyez
fort », comme ils disent tous ici au départ !
J’arrive fatigué, les jambes tirent lorsque l’on s’arrête,
mais ça va bien ! Elle n’était pas
gagné cette étape, on a eu chaud avec les barrières, mais c’est passé !
178ème sur 220 équipes arrivées. 7h12 plus 20 minutes de
« pénalité » car le parcours a été légèrement raccourci au niveau des
crêtes car vu la météo il n’était plus praticable.
Récup en mode compex et « bain dans la rivière »
(il fait 12° dehors, ça caille un peu !)
Demain 13km pour 1300 de D+ / D-, une « demi
étape », mais il faut gérer avec la fatigue cumulée.
Jour 3 :
Un bonheur cette étape ! Une montée de 1400 D+ en 7km, « droit
dans la montagne ». Le corps répond
bien, c’est la dernière. Arrivé en haut
une vue époustouflante :
Après un petit passage à courir sur la crête avec des
paysages plein les yeux, une longue descente, 7km, 1400 D-. Richard a un genou qui couine un peu, mais on
se lâche complètement dans la descente.
De mon côté aucune douleur, et un plaisir immense à dévaler la
montagne !
176 ème de l’étape en 2h57 et aussi 176 ème au général sur
217 équipes arrivées. On est passé, de
mon côté objectif de l’année réussi.
Jour 4 :
Et bien non, pas de jour 4 ! Réveil à Paris et il faut retourner bosser en
mode costume et embouteillages. Une
sacré gueule de bois ! Vivement le
prochain !