"Nous partîmes il y a
longtemps en discutant autour d’une bière ou deux, peut-être même qu’on était
encore en 2017, sur le thème : on devrait s’inscrire à un triathlon !
L’alcool étant une mauvaise conseillère, nous
nous sommes donc inscrits pour la course la plus renommée de la saison : le
triathlon de Deauville. Plusieurs formules étaient disponibles
et celui qui avait le plus bu, Nicolas, s’est
inscrit pour le « L » (1,9 km de natation, 80 km de vélo, 21,1 de course à
pied) ! Ceux qui avaient encore un peu de discernement ont opté pour le «
S » (300 m de natation, 20 km de vélo, 5 km de course à pied) ou le
« M trafiqué » (750 m de natation au lieu de 1,5 km, 40 km de vélo,
10 km de course à pied) …
Nous étions finalement 5 le samedi sur le S et
7 le dimanche sur le M750.
Les effets de l’alcool ayant permis le
processus d’inscription dissipés, nous sommes tous passés au mode préparation
pour le plus grand bonheur de tous les magasins de sport de la région
parisienne qui ont enregistrés des ventes record dans les rayons triathlon.
Chacun sa tactique, certains achetant directement le haut de gamme, d’autres
étant plus raisonnables. Premier constat, en dehors du prix exorbitant de
l’inscription (90 € pour le M750), il a fallu acheter ou louer un vélo et/ou
des prolongateurs de guidon et/ou une combinaison de natation et/ou une tri
fonction (vêtement très moulant, mettant en avant les kilos en trop que tu as
la chance de garder toute la course, sous la combinaison de natation puis pour
pédaler et courir) et/ou une ceinture porte dossard 3 points et/ou pleins de
truc que tu ne pouvais pas soupçonner et dont tu n’as pas toujours compris
l’utilité. A noter que les maîtres-nageurs des piscines de la région ont aussi
fait face à une nouvelle espèce de sportifs inquiets demandant comment nager le
crawl sans se noyer en moins de 10 leçons. Vous l’aurez compris, le triathlon
est un business inventé par les professionnels du sport pour développer leur
chiffre d’affaire. Natixis devrait se pencher sur la question, il y a
certainement du PNB à la clé.
Après une préparation irréprochable et une vie
d’ascète (Personne qui s'impose, par piété, des
exercices de pénitence, des privations, des mortifications ou personne qui mène
une vie austère), l’inquiétude a commencé à monter et tous les mails et
questions ont convergé vers Stéphane P. le "Picard volant" et
déjà expert en triathlon. Il a fait preuve d’une grande patience et de
beaucoup de pédagogie pour nous rassurer souvent et nous inquiéter …
souvent avec ses réponses.
Nous sommes entrés dans le
week end avec de nombreux messages et photos de Christian parti en éclaireur,
préférant arriver en avance pour se remettre du décalage horaire, quitte à
prendre des risques avec la nourriture locale qui peut être dangereuse. Ça
nous a permis d’avoir des informations de première main et de nous rappeler que
nous faisions une course sous peu…
Nicolas a ouvert le bal avec une
performance énorme : 6h10 d’effort (43 min de nage, 3h18 de vélo, 01h55 de
course + 13 minutes de transitions). Pour nous qui étions à Paris, ça
faisait envie car il avait la banane sur toutes les photos et ça avait l’air
vraiment sympa mais bon 06h d’effort ça ne s’improvise pas !!!
Les champions du S sont entrés en
jeu l’après-midi avec un lot de photos de sportifs épanouis et quelques
messages sur une natation agitée.
Est alors arrivée, la fameuse
nuit de la veille de course, celle où tu dors toujours bien, surtout quand tu
es confiant et que tu es certain de n’avoir rien oublié même les trucs que
tu as acheté sans trop savoir à quoi ça sert.
Après avoir récupéré les dossards
et profité de l’ambiance de course, nous nous sommes préparés comme des futurs
professionnels avec quand même des doutes sur les emplacements des nombreux
autocollants et accessoires à porter (bracelet, puce, …).
Il a fallu ensuite déposer les
affaires à la « transition » : l’endroit où tu passes du mode
nageur au mode cycliste et du mode cycliste au mode coureur. Chacun avait
une stratégie hyper préparée et forcément meilleure que les autres mais la
sérénité se lisait uniquement sur le visage de Stéphane l’expérimenté.
Nous sommes donc partis pieds nus, notre combinaison, notre crème solaire et notre vaseline sous le bras pour nous échauffer et essayer d’enfiler ces magnifiques combinaisons bien chère (sauf la mienne louée chez Samuel « j’ai tout pour toi et on fait à peu près la même taille, ma combinaison nage très vite »). Après les réglages, ajustements et photos d’usage, nous avons apprécié la présence des triathlètes expérimentés (ceux qui avaient fait la course la veille) à qui nous avons pu remettre ce que nous avions oublié de déposer dans les consignes comme les clés de voitures et autre accessoires peu conseillés pour nager en mer.
Beaucoup de public, une sono, des
poms poms girls, une haie de spectateurs, un speaker d’enfer avec un
moment privilégié pour te rassurer quand ton cardio te dis que tu
bats à déjà plus de 100 sans bouger : que ceux qui font leur premier triathlon
lèvent le bras. Je suis content, on pense à moi, je me signale mais je suis
tout seul à lever le bras et les autres autour sont morts de rire :-(.
Comme la mer était
basse, nous sommes partis avec environ 200 m à courir avant et après avoir
nagé. Ça nous permet d’avoir des temps de natation canon au GPS sur Strava
mais ça permet surtout de commencer à nager en étant déjà
complètement essoufflé :-(. Les tactiques se sont révélées conformes
aux attentes : si tu es devant, tu bois la tasse tout seul, si tu es derrière,
tu bois la tasse en groupe et tu prends des baffes de tous tes amis pingouins
autour de toi.
Après avoir trouvé la sortie, ne
rigolez pas, c’est pas si simple, il faut contourner des bouées, trouver le chemin
du retour. Tu reviens sur la plage, encouragé par des centaines de spectateurs
dont la team Natixis du samedi qui n’a pas encore trop pris le soleil, n’a pas
encore trop bu et a encore de la voix. C’est rassurant
et ça booste. Premier indicateur intéressant pour moi, je me
suis fait doubler en courant sur la plage à l’aller et au retour, c’est
surement parce que je m’économise … ou que je cours moins vite que
les autres :-(.
Après une transition ou on est
fier d’avoir trouvé son vélo (parmi 900 ce n’est pas si facile), on a la joie
de faire du vélo avec une tri fonction trempée. On nous avait prévenu et
j’étais tellement rassuré que j’étais allé faire une reconnaissance avant : il
faut monter très vite la côte de Saint Laurent, notre Alpes d’Huez à nous avec
la même pente mais aussi le même nombre de spectateurs, la sono, bref tout ce
qu’il faut pour te doper et réussir l’exploit de ne pas poser pied à terre !
La suite du parcours est conforme
aux attentes, jamais plat, trop souvent avec le vent de face mais c’est super
agréable de rouler sur une route fermée, complètement à gauche pour couper
les virages. J’ai eu le plaisir du privilège du premier sas de natation, me
faire rattraper et déposer par des cyclistes qui avaient tous la même
caractéristique : l’âge de mes enfants, des vélos de folie, des
jambes rasées et un rythme incroyable. Tu as beau t’y attendre connaissant
ton niveau en vélo, c’est quand même difficile à vivre. Après un parcours
comme d’habitude en décélération progressive, c’est le retour dans
Deauville pour la deuxième transition, celle où tu espères que tu as bien pensé
à mettre les chaussures de running au-dessus de la combinaison mouillée et pas
en dessous !
C’est parti pour 10 km de course
à pied le long de la plage, en partie sur les fameuses planches de Deauville
pour 2 tours de 5 km. Déjà bien chaud ou presque cramé, j’opte pour
un départ prudent en me disant qu’il sera toujours temps d’accélérer
ensuite … ou jamais finalement ! Super accueil et encouragements du public
et surtout de la team Natixis déchainée, plus alcoolisée et plus rouge à chaque
passage mais toujours au taquet. Comme j’aime bien me faire dépasser, j’ai
continué à prendre du plaisir en me demandant si c’était moi qui courait
lentement ou si c’était les autres qui couraient vite. J’ai pensé à Nicolas qui
avait fait un semi-marathon la veille alors que je me demandais comment
j’allais finir mon 10 km.
Je suis finalement arrivé,
complètement épuisé, ravi que personne ne me prenne en photo dans mon état
lamentable du coureur au bout de sa vie. Après une bière, un massage aussi
douloureux que réparateur, une douche et encore une autre bière ça allait
mieux.
Vous nous devez maintenant tous
le respect, nous avons terminé un triathlon, c’était un week end super et la
seule question qu’on se pose c’est : quand est ce que l’on recommence, car
pourquoi être bon dans un seul sport alors que tu peux être nul dans 3 😊
Bravo à toutes et à tous et merci
pour ce super week end."