Récit d'Eric Crosnier (votre webmaster préféré :-), engagé sur la TDS et en attendant le récit d'Alain Desens, engagé sur l'UTMB.
Mercredi, debout 4h pour un départ à 5h vers
Courmayeur. 7h, le départ sous un ciel parfaitement bleu, le mental et le
physique gonflé à bloc.
Première déconvenue à ...
1km du départ : pointe douloureuse au quadriceps gauche, comme à la Pastourelle
... fait ch… comprends rien ! bonne préparation, aucune blessure ... Deuxième
déconvenue au ...2ème km ! mais là je deviens coutumier (n'est-ce pas
Christophe) des départs calamiteux : l'attache de ma ceinture porte dossard
explose ... obligé de m'arrêter pour réparer ... même pas sorti de Courmayeur
et le mental a déjà pris un coup ...
Ça commence par du costaud
avec la montée vers l'arête du Mont-Favre avec 1300m D+; ça monte mais même pas
mal ... je vais vite déchanter dans la descente et dans toutes les descentes
qui vont suivre. Mon quadriceps gauche me rappelle qu'il m'avait lancé un
signal à Courmayeur; son copain, le droit, s'y met à son tour ... c'est une
conspiration. Impossible d'avancer, je ne comprends pas ce qui m'arrive. Je me
fais doubler, passe pour le mec débutant qui peut pas faire plus de 15 bornes
... Je titube tant bien que mal jusqu'au ravito du lac Combal. Totalement
décontenancé, j'échafaude ma stratégie de course si je veux aller au bout sans
me faire rattraper par les barrières horaires : prendre un maximum de temps
d'avance jusqu'au ravito de Bourg saint Maurice, à partir duquel les barrières
sont plus souples (on avait étudié tout ça avec Kader dans la voiture), ce qui
implique des arrêts très courts aux "stands".
La montée se fait sans
encombre et je commence à penser à la descente de 10km qui m'attend et la
souffrance associée. C'est confirmé je douille mais le spectacle somptueux
offert par dame nature me fait oublier tant bien que mal la douleur. Je me
rappelle avoir lu un jour dans un bouquin de trail qu'en cas de douleur aux
quadris, il faut adopter une foulée très rasante, limite jambes tendues ...
j'applique et effectivement, va mieux ... ma démarche ressemble à tout mais
surtout à rien; m'en fous, j'avance. La montée vers le Col du petit
Saint-Bernard est superbe, minérale, végétale, aquatique avec le lac de Verney
juste avant d'arriver au col.
M'attendent alors 15 bornes
de descente vers Bourg Saint Maurice; je limite la casse en serrant les dents
et finalement ravi d'arriver 2h avant la barrière ... reste maintenant à gérer.
La montée vers Pralognan se
fait tranquillement (1900 m D+) avec le fort de la Platte, planté au milieu de
la montée et surtout au milieu de nul part ... Alors que la luminosité commence
à décliner, j'entame la descente vers le Cormet de Roselend; dès les premiers
mètres, cordes de rappels obligatoires ... et mince, je n’ai pas pris mon
baudrier, descente très technique et hyper dangereuse.
Arrivée au gros ravito du
Cormet de Roselend, que j'atteins en petite foulée, dans le noir total sur un
chemin bien dégagé; mes 2 quadriceps commencent à rentrer dans le rang, il
était temps après 66 km de course ... il y avait motif de licenciement sur ce
coup-là ! Je me change intégralement, mange un morceau et repars après
seulement 15 min d'arrêt (à vrai dire, pas grand-chose à manger de consistant,
j'attendais les pâtes pas cuites de Courmayeur l'an dernier ... je me contente
d'une soupe vermicelles trop cuite).
En sortant du chapiteau, un
gars me propose de passer la nuit ensemble (en tout bien, tout honneur); nous
entamons donc les incessantes montées et descentes avec mon compère Jérôme...
pas grand-chose à dire quant au paysage, on ne voit rien, hormis le fait que le
terrain est très gras, depuis le départ d'ailleurs, vu les seaux d'eau tombés
la veille; c'est avant d'arriver aux Contamines (km 95), qu'une partie de ma
virile anatomie me rappelle donc à l'ordre ... mes plantes de pieds. Un autre
calvaire commence ... chaque pose de pied au sol pique, et de plus en plus.
Nous reprenons donc l'ascension vers les Chalets
du Truc, le jour se lève, et franchement, on a hâte que cette petite balade bucolique
s'arrête ... la vision du col de Tricot nous sape littéralement le moral; un
petit sentier quasi tout droit dans une sorte de combe : 600m D+ en moins de
3km; le tricot je préfèrerais le faire dans mon fauteuil, une petite bière à portée
de main. Montée interminable, pieds douloureux ...arrivés au sommet, il reste
17 bornes ... ça va être long ... dès fois c'est bon quand c’est long, ben pas
là ! Descente tout bonnement interminable (oui je sais, il y a répétition mais
je n’ai pas trouvé d’autre mot), ponctuée de temps en temps par des petits
coups de cul ...
"les Houches ? Ce n’est
pas loin, il reste 4 km ..." Tu parles, ça fait plus d'une heure qu'on
descend; y'en a marre ... Enfin le ravito des Houches; on ne s'arrête même pas,
il reste 8km de faux plat montant; on marche, on en peut plus... on arrive tout
de même à trottiner dans les 500 derniers mètres, pour une arrivée triomphale à
Chamonix ...!
Moralité de l'histoire :
-
Moins vite le premier col tu monteras !
-
15 fois ta ceinture porte dossard au départ tu vérifieras !
-
De NOK les pieds plusieurs fois tu t'enduiras !
-
Rapidement la TDS avec tes potes tu referas !
-
Si les vêtements de couleur tu aimes, l'UTMB te comblera !
Bravo Rico ! Respect.
RépondreSupprimerDe Momo le retraité
RépondreSupprimerEncore une fois le jeune retraité te félicite pour ton exploit car il faut le faire ...20 ans de moins et je le faisais avec toi...mdr... très cordialement et à bientôt .