"Trail de Belle-Île-en-Mer 22/09/2018 :
Quelques chiffres d’abord : 84 km (j’en ai
fait un de rab pour cause de panneau directionnel emporté par le vent,
gasp !), 6L de boisson ingurgitée, environ 95 300 pas effectués et
l’équivalent de 635 étages montés pour les 2200m de dénivelé (d’après l’appli
Santé de mon téléphone), je n’ai pas compté mais on a dû gravir près de 150
côtes (et descendre aussi !!) qui oscillaient entre 8 et 25m, affronter
des rafales à plus de 70 km/h par environ 12° à 7h et 17° (sans le vent !)
ensuite, et tout ça pour environ 13h de course (le 1er a mis 6h58 à
presque 12km/h).
Un départ de nuit à 7h pour les 500 partants de
cette course de L’Ultra des Vagues avec, après 200m dans le bourg du Palais,
des spectateurs bien matinaux dont certains ont sorti les fumigènes.
Éric et
moi partons prudemment, en essayant de ne pas penser aux longues heures de
course à venir, en étant concentré sur l’instant présent et nos ressentis de
coureur pour que tout aille bien le plus longtemps possible. Devant nous sur le
chemin côtier, que nous empruntons dès la sortie rapide du village, des
frontales, derrière nous, des frontales.
Il fait nuit et quelques gouttes
tombent malgré les assurances de l’organisateur lors du briefing :
« Pas de pluie mais du vent » ! Cette notion de pluie en
Bretagne devrait d’ailleurs faire l’objet d’une thèse car il y aurait (ou Auray
si on est breton) beaucoup à dire. Commence alors l’enchaînement effarant de
descentes et de côtes, plus ou moins glissantes et boueuses, qui ne cessera
qu’une fois la ligne d’arrivée franchie. Je laisse très vite Éric prendre les
devants car je sens que ma journée va être longue comme un jour sans soleil (ou
jour breton, au choix) et je préfère partir à mon (petit) rythme pour être
juste un peu au-dessus des barrières horaires à venir aux 6, 10 et 12h de course.
Le paysage est magnifique et la tempête ambiante ne le dévalorise pas, au
contraire, avec des passages sous des frondaisons, ou sur la plage, ou encore à
proximité de petites criques aux eaux vert émeraude malgré la mer agitée… Mais
courir en étant trempé, avec une pluie horizontale qui vous cingle le visage du
fait de rafales à 70/80 km/h, à la limite d’être frigorifié, c’est un peu dur à
gérer. Dans ces cas-là on a des besoins tout simples : ingurgiter
régulièrement de la boisson énergétique ou du Breizh Coca coupé d’eau (à la
longue c’est lassant tout de même !!!), se maintenir le plus au chaud
possible… Les deux bonnes grosses tranches de saucisson que je m’étais préparé
n’ont pas exaucé mes vœux d’être au sec mais je les ai dégustées au 2/3 de la
course comme une sorte de festin !!! Le pain d’épice, que j’ai mis sur un
côté de la bouche comme du tabac à priser fût plus dur à passer… Et les 3
ravitos en solide ont été grandement appréciés, les petits sandwichs au jambon
surtout…
Je fais 2 ou 3 arrêts photo, histoire de terminer de tuer ma moyenne
et de rassurer mon entourage « Non, je ne suis pas mort car… je
photographie encore !! ».
Au bout de 8h de course, la tête vide (oui,
je sais, ça ne me demande pas un bien gros effort…) et complètement zen, je commence
à me forcer à courroter avec des pointes maxi à 7,5 km/h et à ne pas trop
penser à l’arrivée, juste être là, sur cette course que je rêvais tant de faire
et bien terminer, je ne sais plus vraiment où je me situe dans ma lente
progression, ayant appuyé par erreur sur ma montre qui s’est stoppée pendant 1
bonne heure.
Mes pieds me brûlent, je sens que les ongles en ont pris un coup
dans les descentes, deux ongles noirs à l’arrivée viendront confirmer le
diagnostic du Pr Ferrand. Mes mollets sont bizarres, entre surchauffe et
épuisement, mais sans crampes, mes tendons d’Achille déjà bien entamés avant la
course me piquent à chaque pas mais ça passe au milieu de toutes les autres
douleurs, la plus gênante est finalement celle qui se situe au niveau du dos
juste sous le sac à dos. Hostiles ces ajoncs qui me piquent les avant-bras dès
que je fais un écart, difficiles ces pierres qui glissent et me font chuter
(avec rattrapage digne d’un chat), sournois ce tronc que je prends plein crâne
alors que j’étais concentré à regarder où je mettais les pieds, horrible ces
gens qui croient vous encourager en vous annonçant qu’il ne vous reste QUE 4
KM, déprimante cette vision de coureurs sur l’autre rive sachant qu’il n’y a
pas de pont visible avant au moins 3km !!
Je suis seul sur la
lande !!! Et là je me rate un panneau couché par le vent, ce qui me fait
faire un petit détour d’1 km, heureusement que des gens à vélo m’indiquent
comment retrouver la course, sinon je tournerais encore !!!! Mes descentes
sont dignes du pas léger d’un Golgoth, mes montées d’un escargot breton (celui
qui ne craint pas la noyade !!).
Enfin j’entends le speaker de la ligne
d’arrivée, mais elle est à plus de 3 km, marqués par une dernière (?!) côte
bien raide dans la ville, avec pavés disjoints s’il vous plaît, puis les
marches des remparts Vauban toujours en montée avant une descente vers la ligne
d’arrivée !!!!
Une course de folie, mais ça donne une satisfaction
décuplée de l’avoir finie, d’avoir bouclé le tour de l’ile par le sentier côtier !!!!
Bravo à nos chères et tendres qui ont fait leur parcours de 9 km et nous ont
attendu ensuite.
Pour ceux que cela intéresse, la carte
ci-dessous, parcours rouge, départ du Palais puis route au sud vers Locmaria
avant la remontée."