lundi 4 juillet 2016

La Pierra Menta été 2016

course en binôme ; Stéphane Wimart et Richard Couret

"La Pierra Menta été, quézako ?
Tout commence par une discussion avec Richard fin 2015 qui me dit qu’il a trouvé une course de fous furieux, 70km, 7000 m de dénivelé positif, à courir en binôme sur 3 jours.  Je vais voir leur site internet, la course a l’air magnifique, avec des passages sur les crêtes à couper le souffle et une obligation d’avoir baudriers et longes de via ferata pour se sécuriser.  Vu de la région parisienne, le ratio dénivelé / distance parait énorme…  Du coup… Ok, ça a l’air bien débile de s’inscrire à ça… Donc, c’est parti.  Jour de l’inscription, Richard est au taquet, il nous inscrit et heureusement car la course est pleine en 12h.

Bon bah c’est fait…  Maintenant il va bien falloir y aller.  S’en suivent quelques mois à enchainer les séances de côtes et d’escaliers, des trails de 30 à 40 km enchainés avec des sorties longues le lendemain.  3 semaines avant la course, week-end à Grenoble, 100 km et 6000 de D+ en 3 jours.  Maintenant repos en attendant le jour J.
On est en 2016 donc 2 semaines avant le départ l’organisation de la course nous annonce qu’il y a des conditions « exceptionnelles »… La course a lieu les 1, 2 et  3 juillet et… Il y a de la neige !  Forcément ça rajoute un peu de piquant!

 Veille du départ :
Départ de paris à 6h du mat, arrivée à 13h, on prend les dossards et là… première impression bizarre, les coureurs (et coureuses), sont quasiment tous taillés comme de vrais athlètes.  Avec Richard on semble être les p’tits gros du plateau, ça fait bizarre !  Un des coureurs qui partage notre chambre nous dit faire 90 000 m de D+ l’hiver en ski alpinisme… Plus le trail ensuite quand il n’y a plus de neige.  Ah bah, oui ça explique un peu les physiques inhabituels présents !  Le plateau est très relevé, mais bon, on se démonte pas, demain ça le fera… ou pas !

Jour 1 :

Programme du jour, 27km, 2700 D+ / D- en deux bosses.  Et un passage annoncé avec 500 de D+ en 1 km.  Ce n’est pas le programme initial car une partie de la course est inaccessible suite à la neige.

Départ à 7h30, levé à 6h, petit dej qui va bien et hop, on se retrouve à environ 260 binômes sur la ligne départ.  La première bosse passe assez bien, et c’est beau :
En bas de la bosse la barrière horaire est à 4h25, on arrive en 3h50, ça fait pas beaucoup de marge, mais ça passe.  On prend notre temps avant de reprendre la course.
On attaque « la montée du jour », 2 km pour 800 m de dénivelé.  Ca monte, ça n’arrête plus de monter à presque 45%...  Elle parait interminable cette montée.  Je fais une pause photo.  Tant qu’à être monté là-haut, autant garder un petit souvenir car les paysages sont magnifiques :
 
Richard prend de l’avance, je le perds.  Pas grave on se retrouvera au prochain point de contrôle, de toute façon interdit de franchir un point de contrôle si on n’est pas en binôme.  Quelques minutes plus tard je suis dans le dur.  Les quadri qui tétanisent, ça fait mal, mais il faut continuer, on n’est pas venu là pour rien.  Et puis on est deux, si l’un arrête c’est l’équipe qui s’arrête.  Pas question, je vais finir par l’avoir cette foutue montée.  Plus personne en vue devant, par moment je ne trouve même pas le « chemin », forcément, ça monte droit dans la montagne, ce n’est pas un chemin, juste la trace de la végétation marquées par ceux qui sont devant.  Il y a des petits drapeaux rouges, pour marquer ce « sentier d’un jour », heureusement ça permet de retrouver la trace.  Je fini par y arriver en haut de cette foutue montée.  Richard est arrivé depuis quelques minutes, il m’attend.  On prend quelques minutes de repos et hop.  On attaque la descente : 1000 m de D- en 5 km.  Début de la descente enneigée, ça passe en mode glisse et sans gamelle.  On sort de la neige, ca va bien mieux qu’en montée, on double du monde, ça motive.  Et là, surprise, après 2km de descente ce sont mes adducteurs qui commencent à tétaniser… je ralenti l’allure, Richard prend un peu d’avance, mais les douleurs finissent par passer.  On passe la dernière barrière horaire avec seulement 1h d’avance, pas énorme. 5km avant l’arrivée, le terrain est moins pentu, j’arrive à retrouver une foulée plus naturelle, ça fait du bien, mes jambes vont bien.  Surprise, maintenant c’est Richard qui est dans le dur.  On finira ensemble tranquillou, sans forcer.
6h25, 182ème équipe sur 241 arrivées.  Une petite trentaine d’équipe ont abandonnées.
Maintenant repos, et récup.  Vive le Compex et le ruisseau d’eau froide !  Demain on remet ça, 26 km et 2600 de D+/D- mais il parait que c’est plus difficile physiquement et plus technique !  Avec la fatigue d’aujourd’hui, ça promet…

Jour 2 :

Départ 6h30, la pluie vient de cesser.  On commence par une longue montée de 1600 de D+ en 12 km qui doit nous emmener sur les crêtes au « Grand Mont ».  Avec Richard on part en queue de peloton, ce qui s’avèrera être un mauvais calcul.  La montée se passe bien, les jambes répondent et certains paysages sont magnifiques, on est en phase avec le plan de marche même si on n’est pas très rapide.




11 km, 1500 D+, on arrive au bas de la crête et là… C’est la queue pour monter.  On restera quasiment sans bouger un bon 45 minutes.  Arrivée à la crête, la pluie, le vent et le brouillard se sont installés.  Passage très aérien avec longe de sécurité.  Tiens, j’avais oublié que j’avais le vertige… Ce n’est vraiment pas du trail cette course !  Dommage impossible de profiter des paysages, on ne voit rien.  Du coup on arrive à la barrière horaire avec seulement 15 minutes d’avance.  On a eu chaud !
Redescente dans les névés encore enneigés en mode luge sur les fesses.  Ceux qui sont passés avant ont creusés de vrai toboggans avec bosses intégrées, on se marre, ça fait du bien après la partie galère en altitude.

Le reste de la course est plutôt sans histoire.  Richard et moi avons les jambes qui répondent bien en descente où l’on passe du monde.  En montée c’est plus compliqué et on est plus lent que la moyenne.  Quand même quelques descentes dantesques qui piquent fort au niveau des cuisses.  De toute façon vu le ratio dénivelé / distance, tout pique que ça soit en montée ou en descente.  « Soyez fort », comme ils disent tous ici au départ !
J’arrive fatigué, les jambes tirent lorsque l’on s’arrête, mais ça va bien !  Elle n’était pas gagné cette étape, on a eu chaud avec les barrières, mais c’est passé !

178ème sur 220 équipes arrivées.  7h12 plus 20 minutes de « pénalité » car le parcours a été légèrement raccourci au niveau des crêtes car vu la météo il n’était plus praticable.
Récup en mode compex et « bain dans la rivière » (il fait 12° dehors, ça caille un peu !)

Demain 13km pour 1300 de D+ / D-, une « demi étape », mais il faut gérer avec la fatigue cumulée.
Jour 3 :

Un bonheur cette étape !  Une montée de 1400 D+ en 7km, « droit dans la montagne ».  Le corps répond bien, c’est la dernière.  Arrivé en haut une vue époustouflante :



Après un petit passage à courir sur la crête avec des paysages plein les yeux, une longue descente, 7km, 1400 D-.  Richard a un genou qui couine un peu, mais on se lâche complètement dans la descente.  De mon côté aucune douleur, et un plaisir immense à dévaler la montagne !
176 ème de l’étape en 2h57 et aussi 176 ème au général sur 217 équipes arrivées.  On est passé, de mon côté objectif de l’année réussi.

Jour 4 :
Et bien non, pas de jour 4 !  Réveil à Paris et il faut retourner bosser en mode costume et embouteillages.  Une sacré gueule de bois !  Vivement le prochain !