mardi 25 septembre 2018

Trail de Belle-Île-en-Mer 22/09/2018

récit de Marc F.

"Trail de Belle-Île-en-Mer 22/09/2018 :
 

Quelques chiffres d’abord : 84 km (j’en ai fait un de rab pour cause de panneau directionnel emporté par le vent, gasp !), 6L de boisson ingurgitée, environ 95 300 pas effectués et l’équivalent de 635 étages montés pour les 2200m de dénivelé (d’après l’appli Santé de mon téléphone), je n’ai pas compté mais on a dû gravir près de 150 côtes (et descendre aussi !!) qui oscillaient entre 8 et 25m, affronter des rafales à plus de 70 km/h par environ 12° à 7h et 17° (sans le vent !) ensuite, et tout ça pour environ 13h de course (le 1er a mis 6h58 à presque 12km/h).
 

Un départ de nuit à 7h pour les 500 partants de cette course de L’Ultra des Vagues avec, après 200m dans le bourg du Palais, des spectateurs bien matinaux dont certains ont sorti les fumigènes.
 
 
Éric et moi partons prudemment, en essayant de ne pas penser aux longues heures de course à venir, en étant concentré sur l’instant présent et nos ressentis de coureur pour que tout aille bien le plus longtemps possible. Devant nous sur le chemin côtier, que nous empruntons dès la sortie rapide du village, des frontales, derrière nous, des frontales.
 
Il fait nuit et quelques gouttes tombent malgré les assurances de l’organisateur lors du briefing : « Pas de pluie mais du vent » ! Cette notion de pluie en Bretagne devrait d’ailleurs faire l’objet d’une thèse car il y aurait (ou Auray si on est breton) beaucoup à dire. Commence alors l’enchaînement effarant de descentes et de côtes, plus ou moins glissantes et boueuses, qui ne cessera qu’une fois la ligne d’arrivée franchie. Je laisse très vite Éric prendre les devants car je sens que ma journée va être longue comme un jour sans soleil (ou jour breton, au choix) et je préfère partir à mon (petit) rythme pour être juste un peu au-dessus des barrières horaires à venir aux 6, 10 et 12h de course.
 
Le paysage est magnifique et la tempête ambiante ne le dévalorise pas, au contraire, avec des passages sous des frondaisons, ou sur la plage, ou encore à proximité de petites criques aux eaux vert émeraude malgré la mer agitée… Mais courir en étant trempé, avec une pluie horizontale qui vous cingle le visage du fait de rafales à 70/80 km/h, à la limite d’être frigorifié, c’est un peu dur à gérer. Dans ces cas-là on a des besoins tout simples : ingurgiter régulièrement de la boisson énergétique ou du Breizh Coca coupé d’eau (à la longue c’est lassant tout de même !!!), se maintenir le plus au chaud possible… Les deux bonnes grosses tranches de saucisson que je m’étais préparé n’ont pas exaucé mes vœux d’être au sec mais je les ai dégustées au 2/3 de la course comme une sorte de festin !!! Le pain d’épice, que j’ai mis sur un côté de la bouche comme du tabac à priser fût plus dur à passer… Et les 3 ravitos en solide ont été grandement appréciés, les petits sandwichs au jambon surtout…
 
Je fais 2 ou 3 arrêts photo, histoire de terminer de tuer ma moyenne et de rassurer mon entourage « Non, je ne suis pas mort car… je photographie encore !! ».
Au bout de 8h de course, la tête vide (oui, je sais, ça ne me demande pas un bien gros effort…) et complètement zen, je commence à me forcer à courroter avec des pointes maxi à 7,5 km/h et à ne pas trop penser à l’arrivée, juste être là, sur cette course que je rêvais tant de faire et bien terminer, je ne sais plus vraiment où je me situe dans ma lente progression, ayant appuyé par erreur sur ma montre qui s’est stoppée pendant 1 bonne heure.
Mes pieds me brûlent, je sens que les ongles en ont pris un coup dans les descentes, deux ongles noirs à l’arrivée viendront confirmer le diagnostic du Pr Ferrand. Mes mollets sont bizarres, entre surchauffe et épuisement, mais sans crampes, mes tendons d’Achille déjà bien entamés avant la course me piquent à chaque pas mais ça passe au milieu de toutes les autres douleurs, la plus gênante est finalement celle qui se situe au niveau du dos juste sous le sac à dos. Hostiles ces ajoncs qui me piquent les avant-bras dès que je fais un écart, difficiles ces pierres qui glissent et me font chuter (avec rattrapage digne d’un chat), sournois ce tronc que je prends plein crâne alors que j’étais concentré à regarder où je mettais les pieds, horrible ces gens qui croient vous encourager en vous annonçant qu’il ne vous reste QUE 4 KM, déprimante cette vision de coureurs sur l’autre rive sachant qu’il n’y a pas de pont visible avant au moins 3km !!

 
Je suis seul sur la lande !!! Et là je me rate un panneau couché par le vent, ce qui me fait faire un petit détour d’1 km, heureusement que des gens à vélo m’indiquent comment retrouver la course, sinon je tournerais encore !!!! Mes descentes sont dignes du pas léger d’un Golgoth, mes montées d’un escargot breton (celui qui ne craint pas la noyade !!).
 
 
Enfin j’entends le speaker de la ligne d’arrivée, mais elle est à plus de 3 km, marqués par une dernière (?!) côte bien raide dans la ville, avec pavés disjoints s’il vous plaît, puis les marches des remparts Vauban toujours en montée avant une descente vers la ligne d’arrivée !!!!
 
 
Une course de folie, mais ça donne une satisfaction décuplée de l’avoir finie, d’avoir bouclé le tour de l’ile par le sentier côtier !!!! Bravo à nos chères et tendres qui ont fait leur parcours de 9 km et nous ont attendu ensuite.
 
Pour ceux que cela intéresse, la carte ci-dessous, parcours rouge, départ du Palais puis route au sud vers Locmaria avant la remontée."
 
 

vendredi 7 septembre 2018

TDS 2018 par Sam


Sur les Traces des Ducs de Savoie (TDS), par Samuel G.

"C’est l’objectif sportif de l’année avec mon binôme Ben : partir de Courmayeur en Italie, parcourir les 120km et gravir les 7 300D+ pour rejoindre Chamonix par un gros demi-tour sud du Massif du Mont Blanc.

Notre objectif est de faire < 28h (limite horaire 33h). Notre stratégie est de prendre notre temps aux ravitos pour récupérer au mieux afin de courir au maximum et d’évoluer sans trop être dans le dur. L’autre stratégie est de marcher tout du long mais en s’arrêtant que très peu de temps. Nous, on est là pour courir (ou du moins essayer), pas pour randonner !

A priori il s’agit du parcours le plus sauvage, le plus technique des courses proposées par l’UTMB.

C’est notre 2ème ultra le plus long après l’UTMB. Aussi, il convient de se préparer sérieusement mais il faut avouer que cette année j’ai du mal à m’y mettre à fond. Il faudra que je me prenne une claque en avril sur le trail des 42km du Beaujolais avec la section pour que je trouve une motivation : ne plus vivre une course dans un état physique et psychologique aussi lamentable !


J-2 : on arrive à Argentière (7km de Chamonix), et on profite de notre dernière nuit complète.

J-1 : la météo est top : il fait beau, il fait chaud mais l’organisation nous informe par sms que suite aux orages et aux éboulements le parcours est modifié : on passe de 120 à 125km, de 7 300D+ à 6 800D+, qu’on ne passera pas par Fort la Platte ni le Passeur de Pralognan pour rejoindre Cormet de Roselend, le départ est reporté à 8h au lieu de 6h, des orages et du vent froid animeront l’évolution du parcours…

Dommage, je me faisais une joie de voir Fort la Platte et d’évoluer sur le passage très technique du Passeur de Pralognan, je préfère avoir trop chaud que trop froid, je n’aime pas la pluie en montagne et encore moins les orages, mais je suis preneur de 2h de sommeil en plus…

L’ambiance à Chamonix est top, il faut y être pour le croire : les rues sont blindées de randonneurs, de VTTistes mais surtout de coureurs arborant des maillots de clubs, de trails, plus de 100 nationalités seront représentées sur les différentes courses…

On met plus d’1h pour récupérer les dossards entre la queue et le contrôle du matériel obligatoire.

 

On s’inscrit à une étude sur les chaussures et les ressentis musculaires des jambes dont le protocole est simplement de répondre à un questionnaire de quelques minutes à chaque ravito. En contrepartie on nous gratifie d’un marquage pour ne pas faire la queue lors des massages kiné et des soins podo…

19h : le énième plat de pâtes…Mais sans bière :-(

22h : dodo !

Jour J

Réveil à 5h, on prend un petit déjeuner léger mais qui ne passe pas et on monte dans le bus affrété par l’organisation qui nous mène de Chamonix à Courmayeur. Personne ne se parle…

7h45 : on est enfin dans le sas de départ, dans le dernier tiers, et sous un beau ciel bleu.

Petit mal de ventre.

Dernier message de l’organisation « blablabla… des orages plus tôt que prévu sont attendus avec des rafales de vent glaciales, des températures entres 0 et 7° en altitude avec un ressenti négatif, couvrez-vous bien… blablabla…. Bonne chance à toutes et tous et bon voyage ! »

Con….rd !

1er round => de Courmayeur au pied du col du petit St Bernard (km30) : le pied !

8h : lancement de la musique de Pirates des Caraïbes, grosse boule au ventre et c’est parti mon kiki. On traverse Courmayeur sous les applaudissements et les encouragements de la foule.


 

L’ascension du Mont-Favre commence par une longue et large piste de ski où les coureurs soulèvent une masse de poussière qu’on ne peut expectorer discrètement…

1er ravito au km7 : arrêt de 3’ pour une pause technique…

On part tranquille, dans la masse, quitte à perdre du temps et à piétiner au début, on préfère en garder sous le pied pour la 2nde partie et surtout les 2 000D+ à la sortie de Bourg Saint Maurice (km51).

 

Nous basculons au-dessus du Lac Combal et le longeons, un super souvenir que j’avais de l’UTMB ! Cet endroit est splendide, un vrai jardin d’Eden. 2km de plat que nous parcourons en courant. Il fait vraiment beau et j’ai du mal à croire qu’un orage se prépare !