vendredi 7 septembre 2018

TDS 2018 par Sam


Sur les Traces des Ducs de Savoie (TDS), par Samuel G.

"C’est l’objectif sportif de l’année avec mon binôme Ben : partir de Courmayeur en Italie, parcourir les 120km et gravir les 7 300D+ pour rejoindre Chamonix par un gros demi-tour sud du Massif du Mont Blanc.

Notre objectif est de faire < 28h (limite horaire 33h). Notre stratégie est de prendre notre temps aux ravitos pour récupérer au mieux afin de courir au maximum et d’évoluer sans trop être dans le dur. L’autre stratégie est de marcher tout du long mais en s’arrêtant que très peu de temps. Nous, on est là pour courir (ou du moins essayer), pas pour randonner !

A priori il s’agit du parcours le plus sauvage, le plus technique des courses proposées par l’UTMB.

C’est notre 2ème ultra le plus long après l’UTMB. Aussi, il convient de se préparer sérieusement mais il faut avouer que cette année j’ai du mal à m’y mettre à fond. Il faudra que je me prenne une claque en avril sur le trail des 42km du Beaujolais avec la section pour que je trouve une motivation : ne plus vivre une course dans un état physique et psychologique aussi lamentable !


J-2 : on arrive à Argentière (7km de Chamonix), et on profite de notre dernière nuit complète.

J-1 : la météo est top : il fait beau, il fait chaud mais l’organisation nous informe par sms que suite aux orages et aux éboulements le parcours est modifié : on passe de 120 à 125km, de 7 300D+ à 6 800D+, qu’on ne passera pas par Fort la Platte ni le Passeur de Pralognan pour rejoindre Cormet de Roselend, le départ est reporté à 8h au lieu de 6h, des orages et du vent froid animeront l’évolution du parcours…

Dommage, je me faisais une joie de voir Fort la Platte et d’évoluer sur le passage très technique du Passeur de Pralognan, je préfère avoir trop chaud que trop froid, je n’aime pas la pluie en montagne et encore moins les orages, mais je suis preneur de 2h de sommeil en plus…

L’ambiance à Chamonix est top, il faut y être pour le croire : les rues sont blindées de randonneurs, de VTTistes mais surtout de coureurs arborant des maillots de clubs, de trails, plus de 100 nationalités seront représentées sur les différentes courses…

On met plus d’1h pour récupérer les dossards entre la queue et le contrôle du matériel obligatoire.

 

On s’inscrit à une étude sur les chaussures et les ressentis musculaires des jambes dont le protocole est simplement de répondre à un questionnaire de quelques minutes à chaque ravito. En contrepartie on nous gratifie d’un marquage pour ne pas faire la queue lors des massages kiné et des soins podo…

19h : le énième plat de pâtes…Mais sans bière :-(

22h : dodo !

Jour J

Réveil à 5h, on prend un petit déjeuner léger mais qui ne passe pas et on monte dans le bus affrété par l’organisation qui nous mène de Chamonix à Courmayeur. Personne ne se parle…

7h45 : on est enfin dans le sas de départ, dans le dernier tiers, et sous un beau ciel bleu.

Petit mal de ventre.

Dernier message de l’organisation « blablabla… des orages plus tôt que prévu sont attendus avec des rafales de vent glaciales, des températures entres 0 et 7° en altitude avec un ressenti négatif, couvrez-vous bien… blablabla…. Bonne chance à toutes et tous et bon voyage ! »

Con….rd !

1er round => de Courmayeur au pied du col du petit St Bernard (km30) : le pied !

8h : lancement de la musique de Pirates des Caraïbes, grosse boule au ventre et c’est parti mon kiki. On traverse Courmayeur sous les applaudissements et les encouragements de la foule.


 

L’ascension du Mont-Favre commence par une longue et large piste de ski où les coureurs soulèvent une masse de poussière qu’on ne peut expectorer discrètement…

1er ravito au km7 : arrêt de 3’ pour une pause technique…

On part tranquille, dans la masse, quitte à perdre du temps et à piétiner au début, on préfère en garder sous le pied pour la 2nde partie et surtout les 2 000D+ à la sortie de Bourg Saint Maurice (km51).

 

Nous basculons au-dessus du Lac Combal et le longeons, un super souvenir que j’avais de l’UTMB ! Cet endroit est splendide, un vrai jardin d’Eden. 2km de plat que nous parcourons en courant. Il fait vraiment beau et j’ai du mal à croire qu’un orage se prépare !

 



On est toujours les uns derrière les autres pour l’ascension du Col Chavannes à 2 600m (le plus haut sommet du parcours). Les coureurs se rangent pour laisser passer ceux qui vont un peu plus vite et on reprend quelques places.

S’en suit une longue descente de 10km très roulante. Le but est de courir tout du long mais ni trop vite afin de ne pas traumatiser les cuisses, ni trop lentement afin de s’éloigner des barrières horaires et de respecter nos temps de passage. C’est très agréable et on arrive même à échanger avec d’autres coureurs. Néanmoins on aperçoit de gros nuages noirs et quelques éclairs…

 

Round 2 / 6h18, 780ème => Au pied du col Chavannes à Bourg St Maurice (km51) : orages et froid !

C’est dans l’ascension du col du petit Saint Bernard que le vent se lève et que le ciel nous tombe sur la tête : nous nous prenons littéralement une douche. On n’a même pas le temps d’enfiler le k-way que nous sommes trempés ! 10’ plus tard je commence à avoir froid, le vent est de face et la pluie nous cingle le visage. Je n’arrive même pas à tenir mes bâtons correctement tellement ils sont gelés et me font mal aux mains. Une petite peur m’envahit… J’accélère le rythme pour me réchauffer mais Ben a du mal à me suivre. Plus d’1h à lutter pour rejoindre le ravito, c’est long…

 

Mon binôme est dans le dur, il a un coup de moins bien. Comme on a 15’ d’avance sur notre estimation de temps de passage on décide de prendre 20’ de pause au lieu de 15’. La soupe aux vermicelles et le thé sont autant salutaires que les messages des proches et de la section ! Le moral va mieux surtout après quelques critiques bienveillantes sur mes photos ;-)

On repart avec une flasque remplit de thé chaud qui nous sert de bouillotte pour les mains…

C’est reparti pour une longue descente de 12km, très roulante mais aussi très glissante, il nous faut faire attention. L’orage à cesser et on arrive même à sécher un peu nos vêtements en courant tout du long.

On arrive à Bourg Saint Maurice avec 30’ d’avance sur notre estimation, du coup on rallonge notre pause et on se prend 35’ pour bien se ravitailler et profiter d’une météo plus clémente ! Passage au contrôle du matériel obligatoire, je m’en sors bien : je n’ai pas besoin de tout sortir des sacs étanches pour exhiber k-way, pantalon de k-way, téléphone chargé avec numéro d’urgence et bonnet (j’ai une tête qui respire l’honnêteté !)

Round 3 / 8h17, 729ème=> de Bourg St Maurice au Cormet de Roselend (km73) : pas facile mais on passe !

Dès la sortie du ravito l’ascension débute par un mur de 2km à plus de 20%. On s’accroche à un wagon mais je m’aperçois qu’on tombe dans un faux rythme, je décide de prendre mon allure et on remonte, je me sens bien. Petite descente bitumée, on trottine et c’est reparti pour 8km d’ascension ponctuée de passages bien raides et de petites descentes, ça casse les pattes !

Nous empruntons 4km de route à 7% pour rejoindre le col du Cormet de Roselend. L’inconvénient est que ce n’est pas très sympa de se taper du bitume, on est exposé au vent froid, il faut adapter une foulée différente (plus allongée), solliciter d’autres muscles mais l’avantage est que la route est parsemée de supporters bienveillants.

On entend le tonnerre et on aperçoit quelques éclairs. On essuie la fin d’un orage pas très violent mais suffisant pour ressortir le k-way et être à nouveau bien mouillé. Notre seule satisfaction est de voir un bel arc-en-ciel !


 

Enfin le ravito ! Nous récupérons notre sac de change et tout en mangeant notre assiette de pâtes et un bol de vermicelle on se change entièrement (chaussures comprises). Il n’y a pas de place pour les pudiques ici !  On prend notre temps (on recharge la montre et le téléphone…)

Direction les kinés et le podo ! J’ai droit un massage « énergisant » de 20’ et à un bon soin des pieds car j’ai 2 énormes ampoules formées par la macération des pieds mouillées…

Round 4 / 12h35, 624ème => de Cormet aux Contamines (km100), pluie, glissade, brouillard : fatiguant et relou !

Après 1h20 de pause, nous repartons à la tombée de la nuit. Le massage, les vêtements et les chaussures propres font du bien !

Les montées et les descentes se succèdent, nous gardons le rythme…

Une pluie fine mais constante tombe sur nous, des rafales de vent nous font frissonnées de froid, ce n’est pas très agréable mais supportable. Le parcours n’est pas très technique, en revanche l’herbe et les cailloux sont très glissants avec des passages boueux qui nous font perdre nos appuis et font mal aux adducteurs. On voit et on entend plusieurs personnes chuter !

 

On arrive tant bien que mal au ravito du col du Joly. On se pose 20’ le temps de se réchauffer, lire les messages pour penser à autre chose et positiver… L’ambiance n’est pas top, on lit beaucoup de fatigue et de souffrance sur les visages, ceux qui abandonnent sont parqués au fond de la tente. Il faut fuir au plus vite !

On repart toujours sous la flotte et le single emprunté est une rigole de boue creusée par la pluie et les traileurs, large de 50cm à peine, où il est difficile d’évoluer. On ne voit rien tant le brouillard est présent, la pluie nous pique les yeux et le halo de la frontale n’arrange pas grand-chose. Le marquage fluorescent ne nous permet pas de suivre sereinement le serpentin du single malgré les balises très rapprochés mais elles nous indiquent au moins la direction !

Cette longue descente de 10km est interminable et demande un gros effort de concentration et d’équilibre, on se suit les uns derrière les autres, personne ne prend de risque.

Enfin les Contamines, le dernier gros ravito ! Ben est à nouveau dans le dur et a du mal à s’alimenter depuis Bourg St Maurice, il part s’allonger… J’en profite pour aller me faire masser ! Finalement il n’arrive pas à dormir.

Dernier round / 20h30, 562ème => De contamines à Chamonix : gros éclat et emballage final !

Il nous reste 1 300D+ à faire en 2 gros coup de cul ! La pluie a cessé mais le brouillard nous empêche de profiter du lever du soleil sur la montagne. L’ascension du Chalet du Truc se fait sans problème, le rythme est toujours là et dès que le terrain le permet nous courrons.

Au pied du col du Tricot, Ben fait une escale technique, je continue mais en ralentissant. En 5’ il me rattrape, se cale derrière moi, puis me double ! Impossible de le suivre, impossible de réaccélérer.

Photo Sam col du Tricot

Le col du Tricot est un mur qu’on gravit droit dans le pentu, si ce n’est quelques petits lacets bien serrés. Je suis dans le dur, j’ai beau me dire que c’est la dernière ascension, je craque complétement. Ben se détache mais le pire est qu’on ne voit guère plus loin que 100m avec ce brouillard. C’est insupportable de ne pas voir le sommet ! Je résiste et repousse toujours plus haut le moment de faire une pause de quelques secondes comme la plupart des gars. Malheureusement je sais que si je m’arrête je ne repars pas ! Ben est à la limite du brouillard et fait le nécessaire pour se retourner de temps à autre. Je n’ai qu’une envie : jeter mes bâtons et attendre qu’un hélico vient me chercher ! J’en ai marre, je pète un câble, je gueule tout seul et tout haut…

Enfin le sommet (je n’ai aucun souvenir de cette photo) !

 

Plus que 17 bornes… On est largement dans nos temps de passage mais un ami nous challenge par sms afin de tomber sous les 500ers (on s’en fiche un peu du classement mais quand on est con…).

10km de descente parcourue en courant et nous rejoignons les Houches. Comme toujours on passe notre temps à doubler essentiellement les mêmes personnes, ces mêmes personnes qui marchent mais qui ne s’arrête jamais ! On est en mode Pac-Man, on serre les dents pour tenir une bonne allure et grapiller au classement.

On ne perd pas de temps au dernier ravito (<3 7km="" attendait="" avant="" avouera="" ben="" chose="" craquer="" de="" envie="" esp="" est="" et="" faux="" file="" il="" j="" l="" la="" m="" ma="" marcher="" me="" moi="" montants.="" n="" nbsp="" o:p="" on="" part="" plats="" plus.="" pour="" qu="" que="" re="" va="" y="">


Dernier kilomètre, on rentre dans Chamonix ! Impossible de ralentir devant tous ces gens qui encouragent, qui félicitent. On applaudit de toute part : des balcons, des voitures, des devantures de magasins… Il n’y a qu’ici qu’on peut vivre une telle ambiance, un tel engouement !

Au-delà de l’émotion exacerbée par la foule, nous franchissons la ligne en 26h14 et en 490ème position. Mieux que prévu !



 

Une page se tourne pour moi sur le Mont-blanc après la CCC en 2013, l’UTMB en 2016 je suis finisher de la TDS… Une course pas si technique mais rendu bien difficile par les conditions météorologiques !

Finalement je suis bien content de ma préparation même si je me suis fait violence (et trop souvent : no pain no gain) pour la suivre (PPG, gainage, vélo, tirage de bourre avec la section…) : je n’ai pas eu mal aux jambes, ni aux articulations. OK j’ai eu un gros coup de moins bien, j’ai beau m’y préparer, ça fait mal mais c’est le tarif minimum sur une telle distance … Et puis tant que les copains sont là pour encourager ça motive et ça réchauffe et ça ne laisse pas le choix !

Voilà, voilà ! Maintenant place à la récup’, place à vous, honneur à vos performances et j’ai notamment hâte de suivre les différents feuilletons 2018/2019 de la section avec cette année :

-       Les Terrils : qui de l’équipe A ou B remportera le caillou ?

-       Le retour du Marraud

-       Claudia Vs Greg !

Si vous avez eu le courage de tout lire, merci encore de m’avoir soutenu !"

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