vendredi 3 décembre 2021

La Saintélyon par Soumia (28/11/21)

  Récit de Soumia

"Un petit compte rendu de cette longue et périlleuse nuit blanche, reprenant des moments clés de notre SaintéLyon 2021, cette épreuve d’ultra-trail, dont l’objectif consiste à rallier les villes de Saint-Étienne et de Lyon de nuit, fêtait son 67e anniversaire et elle a revêtu pour l’occasion son plus beau manteau blanc. Le parcours a été modifié cette année et la course était annoncée comme la 2ème édition la plus dure de l’histoire de la SaintéLyon.

Une longue nuit blanche en perspective et ce dans les deux sens du terme puisque l’épisode neigeux a débuté au moment du départ, qui était donné aux alentours de minuit.

 

Nous sommes 6 représentants de l’USN à prendre le départ. Dans le groupe il y a l’extraterrestre Raphaël, le reste du groupe est constitué de 5 novices sur la SaintéLyon : Julien un peu expérimenté sur ce genre d’épreuve, et les 4 autres, Virginie, Matthieu, Patrice et moi nous n’avons jamais couru plus de 42km. Sans un entraînement spécifique ultratrail, j’ai enchainé les évènements, la CDC, le marathon de Porto et chacun servant de préparation au suivant. Pas un objectif de chrono, mon seul objectif être sur la ligne d’arrivée.

 


Avant le départ : les premiers flocons arrivent, ambiance très festive, mais d’un seul coup tout le monde se précipite comme si la course débutait, à 23h30 le premier départ est officiellement donné et avec lui c’est toute une vague de traileurs et traileuses qui déferlent sur les premiers mètres de cette ligne droite si sympathique. Nous sommes pour notre part encore regroupé l’heure de prendre une dernière photo avant le départ. Le stress monte légèrement mais c’est surtout un bonheur d’être ici.



23h45 notre sas se lance sous le décompte du starter, et par en 2ème vague, la neige tombe fortement, c’est un paysage féérique qui s’offre à nos frontale. Nous restons groupés sur les 3 premiers kms, ensuite chacun prend son rythme. Je suis ravie, je me dis « c’est beau mais c’est loin », et j’essaye de profiter de ce serpent de lumière.

Passé l’effet féerique du cadre, la météo a tout même grandement complexifié une course déjà haute en couleur. En effet, les températures négatives, le vent glacé ou encore le verglas sont autant d’éléments qui sont venus s’ajouter à ces 78,5km et 2126m de dénivelé positif

 02h05 : nous voici au premier ravito de la course celui de ST-Christo-en-Jarez situé au 18km. Pas de ravitaillement pour moi, un arrêt technique et je repars avec Matthieu.

 Tout s’est enchainé en très peu de temps après le départ ST-Christo-en-Jarez : après les premiers kms plutôt sympa …🏃🏻‍♂️❄️ mains gelées, je m’arrête pour changer de gants , Matthieu me distancie … , ensuite une première et belle chute sur une plaque de verglas est venu me calmer, dont je me suis fait peur, je suis tombé sur le coccyx et je n’arrivais pas à me relever, Matthieu est revenu sur moi, et m’a aidé à se relever … à partir de là, le début d’une longue, très longue galère. Les maux d’estomac sont apparus, puis une 2ème chute, et ainsi de suite …je regrette ne pas avoir pris les Yaktrax…ça ne va pas du tout, le moral au plus bas, mais je me répète, pas un abandon et ce n'est  pas cette Sainté qui allait me faire renoncer!!!

 04h53 : 2ème ravitaillement, celui de Sainte-Catherine au km 32. Beaucoup disent que c’est un point clé de la course, certains allant même jusqu’à dire que la course commence à cet endroit. Pour le moi, le calvaire a pourtant commencé avant, marcher dans les accotements en dévers pour éviter les chutes, et des maux de ventre. Je fais un arrêt technique, je croise Matthieu et je repars seule, en mode survie, des difficultés à se ravitailler, un début d’hypoglycémie, une personne s’arrête et m’aide pour prendre mon gel et m’accompagne sur au moins 2 km, je suis dans le blizzard, la neige tombe et fouette mon visage, une véritable souffrance physique et mentale, s’invite et elle va durer …! J’ai eu sommeil, suis tombé et retombé… , on me donne la main pour me relever, j’ai du mal à avancer, j’évite les chutes, les jambes se sont mises à trembler,…les genoux bloqués à force de marcher dans les accotements en dévers pour éviter les chutes… pour moi, la course s’arrêtait au prochain ravitaillement. Matthieu revient sur moi, il m’encourage, et me dit que le jour se lève dans 30 min, que le plus dur est derrière nous et il faut tenir bon. Je souffre, mais je m’accroche, il me précède de peu.

07h41 : le troisième ravito est là, je suis à St-genou aux alentours du 45e km, je profite pour faire le plein d’énergie, je prends de la soupe, coca, tucs…je commence à aller mieux, je discute un peu avec les concurrents, et une personne qui m’a aidé dans une chute est venu me demander comment je vais. Le jour qui commence à se lever, je me surprends même à dire que je vais aller au bout. Je repars, s’ensuit une quinzaine de kms durant lesquelles, j’ai retrouvé les sensations, même si les jambes sont douloureuses surtout dans les descentes, je m’accroche.

 09h24 : Avant dernier ravitaillement, celui de Soucieu-en-Jarrest au km 55, le jour est enfin là et la météo s’est améliorée.  Je suis certaine à cet instant, que sauf gros imprévus, j’irai au bout mais qu’avant ça il faut encore en baver quelques heures. Je prends mon temps, je mange, j’appelle mes garçons. Avant de partir Matthieu arrive, je lui ai dit que je repars après de bonnes 10 min au chaud. 

 10h51 : c’est déjà l’heure du dernier ravitaillement celui de Chapono, je prends également une vraie pause au chaud, espérant que Matthieu arrive pour finir ensemble. Cette portion du parcours est moins agréable, car très axé bitume, ce qui fait que j’ai du mal à courir à cause de douleurs aux jambes, mais vraiment hâte d’en terminer car la fatigue est omniprésente et parce que les articulations trinquent. La dernière pente est très raide, ensuite une descente, après les escaliers, et je maudis ce parcours.

12h48 : c’est le grand moment, celui de franchir cette célèbre ligne d’arrivée, je passe cette mythique arche bleue. A cet instant toutes les douleurs laissent place au soulagement et au plaisir d’être finisher, ça ne s’est pas passés comme prévu, mais je l’ai fait et je termine en 12h31.


Bilan : des chutes, des difficultés à se ravitailler, des galères mais surtout… finisher et ravie de franchir cette ligne d’arrivée ! Bref, une course atypique qui a été une véritable aventure sportive et humaine.  


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