mercredi 7 décembre 2016

La Saintélyon (04/12/16) ... par Marc M.

 
"Quelques lignes sur un week end un peu dingue pour moi même si c’est presque une habitude pour d’autres…
Je me suis inscrit à cette belle épreuve à l’insu de mon plein gré entrainé par l’équipe 2016 de la Course du Coeur. Nous étions quand même 17 de Natixis à participer et Saint Etienne et Lyon étaient vraiment les endroits à la mode pour le week end. Nous y avons croisé des coureurs des entreprises participant à la Course du Coeur (hôpital Necker, HP, Renault, Novartis).
Après des voyages sans histoire en voiture ou en train selon les préférences et les talents pour réserver en temps et en heures, nous nous sommes tous retrouvés à la halle Tony Garnier à Lyon pour récupérer une superbe chasuble en guise de dossard et une paire de chaussettes. Il y a pas de doute ça vaut le coup de faire 500 bornes pour récupérer une paire de chaussettes… Nous avons pris la pose sous le portique d’arrivée et avons pris la direction de Saint Etienne en bus, et là première inquiétude : soit le bus roulait très lentement soit Saint Etienne et Lyon sont deux villes un peu éloignées !
Nous sommes arrivés au parc des expositions, le « Lampedusa » des coureurs en attente du départ. Ambiance réfugiés garantie : une odeur agréable, 50 m de queue pour les toilettes et 200 m de queue pour une pasta party avec des plats qui ne faisaient vraiment pas envie. Grâce à l’expérimenté Jean Michel, nous avons pu diner dans un restaurant très sympa, à moins de 200 m du départ dans une ambiance beaucoup plus agréable. Comme les autres réfugiés nous manquaient nous sommes partis nous habiller en compagnie de 10 000 autres coureurs en toute intimité !
 
 
Première indication intéressante et seconde inquiétude pour un néophyte qui va courir de nuit sous cette latitude et à cette altitude : il fait un froid de canard ! Les nombreux anciens nous ont expliqué qu’il fallait qu’on profite et avec un départ à minuit on allait avoir le plaisir de courir avec des températures de plus en plus froides pendant toute la nuit, ça rassure.
 
Une fois équipés de façon plus ou moins professionnelle, troisième inquiétude : ils sont où les autres ? Allez reconnaitre vos collègues toujours habillés en costume d’habitude (enfin presque J) alors qu’ils se cachent sous des tonnes de fringues pas toujours aux couleurs de Natixis et qu’il mettent bonnets, gants et lampe frontale.
Comme nous avions envie de profiter du froid, nous sommes allés patienter debout sur la ligne de départ pendant une heure, histoire de réchauffer les muscles et surtout essayer de prendre la première vague synonyme d’embouteillages réduits au fameux 7ième km lorsqu’il faut quitter une belle route goudronnée et éclairée pour emprunter des chemins boueux et escarpés.
 
 
Une petite précision s’impose : dans cette troupe de fêlés, nous étions quand même deux avec Marie Ange à avoir eu la sagesse de faire l’épreuve en relais avec quand même 28 km pour l’une et 44 km pour l’autre. J’ai donc eu le plaisir de faire une grande balade en car avec le chauffage pendant que mes camarades avaient déjà commencé à courir. J’ai aussi pu voir passer la tête de course à un rythme assez incroyable.
Après une phase de concentration intense allongé par terre dans un duvet, j’ai eu le plaisir de retrouver Marie Ange pour le passage de relais. Mon grand sens de l’organisation et du timing ainsi que la grande confiance de Marie Ange dans ses performances m’ont fait croire que j’avais beaucoup de temps devant moi mais que nenni ! Annoncée normalement à 03h30 selon ses prévisions, elle m’a passé le témoin à 03h15 après m’avoir cherché pendant 10 minutes. Nous avons donc mis au point la tactique du relais en 10 minutes que tous les autres coureurs nous envient mais nous ne dévoilerons pas tous nos secrets alors que d’autres ne sont mêmes pas capables de faire ça en plus de 20 secondes !
J’ai alors expérimenté le trail de nuit : courir à une vitesse réduite quand tu peux courir, marcher le reste du temps, rester concentré sur le cailloux, la flaque, la plaque de verglas sur laquelle tu vas poser ton pied. Essayer de repérer tes collègues que tu ne retrouveras jamais sauf ceux qui t’ont repéré : merci à Jean-Michel et Boualem qui m’ont fait signe et avec qui j’ai pu papoter. J’en vois certains qui rigolent déjà mais j’ai parlé avec Boualem car il avait un problème physique sinon je n’aurai pu le doubler que dans la file d’attente pour la douche ou le repas…
Mis à part la solitude, c’était vraiment sympa et plaisant de courir de nuit dans la montagne. Les descentes techniques et les montées se sont bien enchainées et mis à part les jurons lancés à chaque glissage ou pied dans la boue (j’ai beaucoup juré donc) c’était très calme et très zen. Mention spéciale aux nombreuses fermes traversées avec une odeur nous rappelant le parc des expositions du départ…
Ma grande expérience a fait la différence sur la fin du parcours : plus de batteries dans ma frontale (je confirme que c’est utile dans les bois la nuit), ma pipette de réserve d’eau gelée donc impossible de boire pendant 10 km mais avec le plaisir de transporter quand même un litre d’eau sur le dos…
J’ai fini par arriver à peu près entier, malgré un parcours sadique sur la fin : je suis certain que l’on peut arriver à Lyon en faisant moins de côtes et certains km sur la fin comptaient double ou triple.
44 km au compteur, un peu plus de 4h30 de course et aucun collègue pour m’accueillir à l'arrivée, j’étais ravi ! Après avoir cherché tout le monde en vain dans la zone d’arrivée, j’ai compris qu’ils m’avaient laissé passer en se cachant dans les buissons et qu’ils me suivaient de quelques minutes…
Nous avons finalement reconstitué le groupe à l’arrivée, presque aucun blessé même Laurent dont le genou nous inquiétait avant le départ. Tout le monde avec le sourire et la fierté d’avoir terminé, une douche chaude avec plus de 30 autres coureurs et des nouilles tièdes et immangeables comme récompense et un grand mystère pour moi : comment ont-ils fait pour courir 72 km de nuit et arriver entier alors que j’étais rincé après 44 km ?
Un super week end bien reposant, une démarche bizarre le lendemain mais la banane quand même. C’était super et merci à Marie Ange surtout mais aussi à Agnieszka, Eric, Jean-Michel, Bruno, Samuel, Benoit, Franck, Boualem, Laurent*2, Benjamin*2, Jérôme, Guillaume, Anael, de m’avoir permis de partager cette belle aventure.
 
Ce compte rendu n’est pas à la hauteur de ceux de Samuel ou Marc mais je ne débute pas qu’en Trail…
 
Merci encore à tous les fêlés et surtout bravo à tous.
 
Marc M."

 



1 commentaire:

  1. Tiens les passages de relais me rappelled quelques souvenirs de la Course du Coeur.

    Merci Marc pour ce récit vivant qui confirme le statut un peu hors norme de cette course.

    RépondreSupprimer