mardi 25 juillet 2017

GR20 en Corse par Samuel G. en 6 épisodes - J2

Deuxième épisode des aventures de Samuel Gotto, qui a traversé la Corse en mode Trail par le GR20 sur 5 jours ! voici le récit du deuxième jour :

J2 Ascu Stagnu – Bocca di Verghju

Comme prévu la nuit fut agitée mais en pire : j’ai soif, à minuit un téléphone sonne, ça ronfle, j’ai la lumière des sorties de secours en pleine poire (j’ai bien pensé à prendre mon masque mais ce n’est pas très confortable), j’ai la gorge sèche, la bouche pâteuse, une envie de faire pipi que je repousse car j’ai la flemme de me lever…

Dès 4h du matin, le bal des sonneries est ouvert : ça sonne dans tous les coins, les randonneurs se lèvent et se préparent très bruyamment (j’ai vraiment l’impression d’être un SDF sur l’avenue des Champs Elysées !).

6h c’est notre tour.
Tout d’abord état des lieux de la machine :
-       le haut du corps : RAS
-       les fesses - cuisses - mollets : RAS
-       les pieds : RAS
-       la vessie : à traiter d’urgence !

Après quelques mètres, je ressens quelques traces aux cuisses mais c’est vraiment minime, tout va pour le mieux.
On s’habille et direction le petit-déjeuner (version buffet avec tout ou presque puisqu’il ne manque que la Nutella mais heureusement qu’on en avait acheté…). On retrouve quelques randonneurs (la majeure partie étant déjà partie) dont un groupe de Lyonnais qui comme nous le font en 5j mais en autonomie et donc sans assistance. Leur sac pèse entre 6 et 8kg (eau, duvet, change…). Je suis admiratif…
7h on est parti.

Nos 3 compères (Dédé, Vavon et Charly) se lancent dans une rando pour rejoindre le col du Cirque de la Solitude (10km et 800D+ pour 3h35). Il s’agit du tracé originelle du GR mais qui a été débalisé et déséquipé l’été dernier suite à de trop nombreux blessés, perdus mais surtout un randonneur, de trop, qui y a perdu la vie…


On commence par 2km de sous-bois, plat ce qui nous permet enfin de courir un peu. Puis on attaque une longue ascension de 1 200D+ qui s’avère être raide mais régulière et à l’ombre. On prend beaucoup de plaisir, on évolue bien et rattrape énormément de randonneurs toujours aussi sympas. On traverse quelques névés.



Au sommet, on croise les lyonnais qui nous racontent leur périple sur un détour pour accéder au Monte Cinto, le sommet le plus haut de Corse (2 700m d’altitude). D’après eux, il faut 1h aller-retour mais en suivant bien le balisage point rouge.
On réfléchit vite fait : on est bien, on n’est qu’à 150mD+ du sommet et on le voit, hier on a fini plutôt tôt et cette journée est sensiblement la même, mais surtout ça serait dommage d’être si proche du plus haut sommet de Corse sans y aller… C’est parti mon kiki !
On prend le sentier sur la crête et on ne voit que du balisage en carré blanc. Bon.
10’ plus tard que du carré gris. Bon, bon.
Puis plus rien. Oups.


2 possibilités s’offrent à nous : soit on descend mais c’est du vide à « descalader » (trop le vertige je ne peux pas) soit on lève la tête et il faut escalader sur 50m. Impossible que ce soit le chemin, trop risqué et trop peur de passer par là.
Le temps passe, on fait demi-tour et on aperçoit plus ou moins un rond rouge sur une falaise en contrebas. C’est ça, ouf…
Après plusieurs descentes et montées (qui s’apparentent plus à de l’escalade que de la rando) on atteint enfin au sommet. Magique : on voit l’ensemble de la chaîne montagneuse corse et l’ile entouré au ¾ de la mer. Il nous aura fallu tout de même 1h40 aller – retour (dont 20’ de jardinage et 10’ de pause…)


Puis s’amorce une longue descente, assez technique, pas roulante. 1h30 pour faire 3km de descente et 1 000D-… Ben se plaint un peu d’avoir les pieds qui chauffent. Je ressens davantage ma voute plantaire irritée qu’autre chose et un début d’ampoule, mais c’est supportable.
On arrive au refuge et on débute notre rituel : on refait le plein d’eau, on s’étire un peu, on nettoie nos pieds (confirmation de 2 ampoules et le dessous des pieds bien rouge) et on mange notre taboulé accompagné de l’inévitable combo coca – Orezza.
Je me surprends même à ne pas trop envier ceux qui ont fini leur journée et s’enfilent bière, charcuterie, omelette.
Tout va bien, on file vers notre dernière ascension de la journée. Toujours le même terrain : de la pierre, du caillou et beaucoup de pierres et encore du caillou !
De l’autre côté du sommet on surplombe le magnifique lac Muvrella.


On arrive au refuge de Tighjettu qui domine une vallée. On se pose à l’ombre et on se restaure. Suite à un mauvais dosage d’eau pour réhydrater notre plat de lentilles, ce dernier est comme qui dirait « croquant », et quelque peu insipide… A la dure et comme dirait mon père « quand t’as faim : tu manges ! »
On dévale une descente roulante, plein soleil et ça fait du bien aux jambes de se dégourdir… On suit une rivière composée de vasques et pris d’assaut par les randonneurs qui profitent de la baignade. C’est très tentant, trop tentant… Aucun regard avec Ben, il nous faut filer, on en profitera plus tard.


A 5km de l’arrivée, on voit notre Vavon, en tenue de traileur et caméra à la main, qui vient à notre rencontre. On s’enfonce dans un sous-bois, c’est agréable, roulant et on discute tous les 3 tout en faisant bien attention aux racines et pierres. Il vient juste de croiser les Lyonnais, qui a priori sont bien en retard sur leur timing, d’autant plus qu’ils ne s’arrêtent pas comme nous au prochain refuge mais au suivant, soit 17km à parcourir. Il est 17h30…

Arrivé à Calenzana, on surprend les Lyonnais à table en train de dîner tranquillement… Moi je suis bien content d’être arrivé et je les plains car ils en ont encore pour 3h !
On récupère notre chambre au gîte, beaucoup plus confortable que celle de la veille (WC et douche dans la chambre) et on ne dormira qu’avec 2 retraités très cools et sympas.
18h c’est l’apéro ! En terrasse, avec la Pietra, charcuterie, fromage, cacahuète et on débriefe tout en observant les randonneurs qui arrivent.


Cette journée a été top, ma préférée : paysage magnifique et varié, on a « gravit » le sommet le plus haut de corse, on est bien physiquement et nos assistants en profitent pleinement également !

Aujourd’hui c’était 31km – 2 400D+ en 9h50 et 1h de pause cumulée.
19h c’est le dîner. Tout aussi copieux et bon que la veille : soupe de légume, une entrecôte accompagnée de légumes, patates sautés et une crème brulée à la châtaigne.

Le serveur nous file un sac contenant notre petit déjeuner (thé, café, chocolat en poudre, pain, beurre, confiture, jus d’orange).
21h c’est le digestif (il ne faut pas rompre les traditions) : liqueur du maquis (trop bon malgré une couleur jaune fluo).

22h, on se couche car demain c’est une grosse journée et il faut se lever à 5h !


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